Rosalie et Mathieu sont producteurs d’ail en champ et de tomates ancestrales en serre depuis 2019, en régie biologique. Ingénieurs de formation, leur parcours professionnel les a bien aidés lorsqu’il était temps de paramétrer leurs serres. Leur entreprise, La Ferme Almana, commercialise ses produits en supermarchés et dans des restaurants locaux. Ils ont aussi un kiosque à la ferme avec une variété de produits locaux.
En 2024, ils ont décidé d’innover avec un projet d’autocueillette hivernale. Pourquoi ne pas maximiser les installations lors de la saison froide! C’est ainsi qu’ils ont semé des épinards, du kale, du rapini, de la bette à carde, de la moutarde et des verdurettes dans leur serre. Pour le moment, la serre n’est pas chauffée, mais elle pourrait l’être dans le futur. L’automne 2024 représentait un projet pilote pour tester le marché. Jusqu’à maintenant les clients sont comblés. Ils viennent au moment qui leur convient.
Visitez la ferme

Lors de la récolte, il y a présence de frimas sur les feuilles, qui disparait en cours de journée avec les rayons de soleil.
« Il y a du frimas dessus, mais là je pourrais le récolter et le manger en salade ce soir, ce serait correct. La feuille n’est pas gelée de bord en bord » indique Rosalie. « On a eu deux bonnes journées de gros froids, dont une nuit à -21°C. Donc ça risque d’être gelé un peu. Si on avait eu du soleil, la température aurait monté dans la serre et tout serait bien dégelé. » Rosalie rappelle également l’importance de bien choisir son moment de cueillette « Si tu récoltes des verdures qui ont gelé durant la nuit, elles vont tomber en eau dans ton frigo, ce n’est donc pas un bon moment ».
Pour offrir des produits en autocueillette, il faut recevoir une formation sur la biosécurité. En effet, chaque personne qui entre dans la serre peut introduire des pathogènes qui peuvent mettre en péril les activités de l’entreprise. Respect et sensibilisation sont de mises.
Des étudiants initiés à la culture hivernale
« La culture hivernale, ce n’est pas quelque chose qui est nouveau, ça se fait beaucoup aux États-Unis. Mais de plus en plus au Québec on tente de repousser les limites de la culture en hiver et les serres permettent cela, en étant à l’abri des intempéries. » -Rosalie Forest,
En effet, les projets de cultures hivernales se multiplient au Québec. Depuis 2020, le campus de Saint-Hyacinthe de l’ITAQ consacre trois de ses serres à la culture froide dans son programme Technologie de la production horticole agroenvironnementale (TPHA).
Selon l’enseignante Josée Bonneville, spécialisée en culture maraîchère à l’ITAQ, cette approche permet de rentabiliser les surfaces de production pendant une plus longue période dans l’année en produisant une culture secondaire dans une serre dont la culture principale n’est pas produite durant une période définie. Un autre avantage de la production hors sol est la mobilité des bacs utilisés. Il est ainsi possible de commencer une production à l’extérieur et de la déplacer en serre lorsque les conditions climatiques sont moins favorables.
Générateur de saveurs
La culture hivernale est aussi très intéressante sur le plan gustatif. Voici quelques éléments qui peuvent être améliorés avec le froid.
- Saveur plus sucrée : le froid peut augmenter la concentration de sucres dans certains légumes-feuilles comme les épinards, le chou frisé et la laitue. Cela s’explique par la conversion de l’amidon en sucres pour se protéger contre le gel.
- Amertume diminuée : les températures plus basses peuvent réduire l’amertume de certains légumes-feuilles. Par exemple, le chou frisé et les épinards peuvent devenir moins amers après une exposition au froid.
- Texture améliorée : le froid peut également aider à maintenir la texture croquante des légumes-feuilles en ralentissant le processus de dégradation enzymatique

Manger l’hiver!
La Ferme Almana à Saint-Alban est un exemple d’innovation agricole. En exploitant les serres pour des cultures hivernales, Rosalie et Mathieu montrent qu’il est possible de réduire la dépendance aux importations et de renforcer la souveraineté alimentaire du Québec. Ce projet illustre non seulement la capacité d’adaptation des agriculteurs québécois, mais aussi leur volonté de repousser les limites de la production agricole.
Nous sommes là pour vous accompagner dans votre quête de connaissances
En ligne ou en présence, l’ITAQ offre des activités de perfectionnement, de développement professionnel ou personnel ainsi que des formations sur mesure pour toute personne intéressée aux domaines alimentaire, agricole, horticole et des grands animaux. Ces formations sont abordables et d’une durée variable, entre 2 et 600 heures!

Jeanne Trachy
Conseillère à la formation continue – Secteur agricole
Téléphone : 418 856-1110, poste 1219
jeanne.trachy@itaq.ca
LinkedIn